Les savoirs fondamentaux sont quelque peu malmenés en France puisque 20 à 40% des élèves font leur entrée en 6ème en n'ayant pas d'acquis consolidés en français et en mathématiques. On pourrait penser qu'avec le digital et l'intelligence artificielle, il est aujourd'hui moins important qu'hier de maîtriser le français et les mathématiques. Et pourtant, rien n'est plus faux. Aujourd'hui comme hier, les entreprises ont besoin de personnes bien formées, bien structurées, qui ont des acquis assez solides pour pouvoir les exploiter et s'adapter sans cesse à la complexité croissante de leur environnement. Il est temps de redonner leurs lettres de noblesse à l'enseignement et aux apprentissages pour permettre à chacun de contribuer pleinement à la société qui l'entoure en trouvant sa place et en exploitant ses talents.
Lors de l'édition 2022 du salon Libsco, Brigitte de Compreignac, David Colle, Maximilien Pellegrini et Sandrine Dirani ont tenté de réfléchir à comment redorer le blason des savoirs fondamentaux pour permettre à chacun de se révéler.
Réenchanter les apprentissages
Tous les ans, les professeurs voient le fond de la classe occupé par trois ou quatre élèves qui ne sont pas tout à fait comme les autres : soit parce qu'ils s'ennuient et dorment tranquillement, soit parce qu'ils sont très agités. Souvent stigmatisés, ils sont pourtant révélateurs d'un mal-être plus profond, d'une certaine morosité chez les enfants qui ont de plus en plus de difficultés à entrer dans les apprentissages car on ne leur donne pas le sens des choses. Pourquoi apprennent-ils ? Dans quel but ? Comment voulez-vous que les jeunes apprennent de façon efficace s'ils ne savent pas qui ils sont ni ce qui les anime, s'ils ne sont pas bien dans leur peau ou qu'ils n'ont pas confiance en eux ? Pour que le cerveau soit disponible pour les apprentissages, il faut, avant tout, créer un cercle vertueux entre le bien-être et l'acquisition des connaissances.
L'heure de la transition éducative a sonné
Il est grand temps qu'une transition éducative s'opère et que l'on passe de l'école de la réussite pour tous à l'école de l'accomplissement de chacun pour que chacun puisse mettre son talent à son propre service puis à celui de la société.Chacun d'entre nous est porteur de talent, a une pépite en lui. L'objectif de l'école est de faire émerger cette pépite. En développant la confiance en lui d'un enfant et avec un bon pédagogue qui va donner du sens, la notion de compétition va naturellement disparaître au profit de la coopération et de la solidarité. L'enfant, ainsi rassuré, va non seulement acquérir plus sereinement le socle de compétences fondamentales mais également révéler sa singularité. Il pourra ainsi explorer plusieurs voies jusqu'à découvrir sa voie.
Les entreprises ont besoin de diversité
Ceci est d'autant plus important que le monde évolue à toute vitesse vers de plus en plus de complexité et que 80% des métiers de demain n'existent pas encore. Quand l'entreprise demande à ses salariés d'être innovants, adaptables, flexibles,créatifs, l'école ne peut plus exiger des enfants d'être obéissants et dans la norme. Dans cette transition éducative, les entreprises ont un rôle essentiel à jouer. Elles doivent prendre le relais du système éducatif en formant les salariés à comprendre, débattre, s'exprimer pour pouvoir collaborer efficacement. En ce sens, les savoirs fondamentaux et notamment la maîtrise de la langue sont essentiels pour avoir un collectif fort, pour avancer ensemble.
Elles doivent également être plus inclusives à la fois pour corriger le déterminisme social mais aussi pour faire face à la complexité grandissante du monde en intégrant des profils plus divers et atypiques, sources de richesse, d'ouverture et de nouveaux talents. La diversité est, à n'en pas douter, l'une des clés de la réussite de demain pour les entreprises.