Dans un monde où règne l’immédiateté des messages instantanés, des informations en temps réel, revenir au temps de la Nature fait l’effet d’une cure de repos. Après une année rythmée par les sons des notifications, le silence et la patience imposés par la Nature sont d’or.
- « Maman, je peux la cueillir celle-ci ? »
- « Non mon chéri, elle n’est pas encore tout-à -fait mûre. Encore une journée de soleil et elle sera parfaite. Nous reviendrons demain pour la cueillir. »
La Nature : un éloge de la patience
La Nature nous enseigne la patience. Il y a toujours un temps de latence, le temps d’attendre, le temps incompressible des cycles : attendre la bonne saison, attendre qu’un pied planté donne des fruits, attendre que ces mêmes fruits mûrissent, attendre que les œufs éclosent et que les poussins apparaissent…
Je regarde mes enfants se soumettre à cette loi de la Nature avec humilité et … avec joie. Attendre donne de la valeur aux choses qui deviennent un événement à part entière. Aller, jour après jour, au potager pour découvrir les nouvelles courgettes, les haricots verts ou les petits pois. « Ici maman. Là , regarde. » Aller au poulailler pour trouver les œufs pondus du jour. « On en a eu vingt aujourd’hui ! Mmmm, ça sent bon les œufs à la coque avec des mouillettes pour le petit-déjeuner. »
C'est en leur laissant le temps de germer que les plus belles idées voient le jour
Rien ne sert d’essayer d’accélérer les choses, la Nature a ses propres lois qu’il convient de respecter. C’est l’occasion idéale de leur expliquer que, parfois dans la vie, le temps est notre meilleur allié. Il ne sert à rien de s’évertuer vainement, de se battre contre des moulins à vent. Il suffit de laisser le temps au temps pour que les idées germent, pour que les esprits s’ouvrent, pour que les idées nouvelles infusent, pour que des relations profondes se bâtissent. Ils apprennent ainsi que chaque chose arrive en son temps quand on sait être à l’écoute et que lorsqu’une chose est mûre, il suffit souvent de se baisser pour la cueillir, sans heurts, en récoltant l’adhésion de tous. Cela ne signifie pas, bien évidemment, qu’il n’y ait rien à faire pour faire advenir ce que l’on désire. Telle une plante, il faut apporter à ses rêves le terreau et l’eau nécessaires pour qu’ils puissent se renforcer, jour après jour, pour se réaliser. Mais, tenter d’imposer son rythme envers et contre tout peut, bien souvent, briser les rêves les plus ambitieux qui se construisent pas à pas avec persévérance, constance et patience.
Et que nos enfants mûrissent jusqu'à leur envol
A regarder mes enfants jouer et grandir ainsi, mon esprit s’évade quelques instants, juste le temps pour moi de réaliser qu’à moi aussi, ce repos forcé fait du bien. Il me permet de prendre du recul par rapport aux exigences et aux pressions que j’exerce sans le vouloir sur eux pour qu’ils réussissent leur scolarité, pour qu’ils mûrissent, pour qu’ils deviennent responsables. Soudain, je suis émue. Je comprends que le jour où ils seront mûrs, ils quitteront d’eux-mêmes leur branche nourricière et tomberont d’eux-mêmes au pied de l’arbre. Le jour où j’aurai réussi le pari de l’indépendance et de l’autonomie pour mes enfants sera aussi celui de leur départ du nid. Alors, j’ouvre mon aile et apprécie pleinement le fait que mes poussins viennent encore se blottir contre moi avant de prendre leur envol certaine que lorsqu’ils auront vraiment mûri, ils seront reconnaissants qu’on leur ait laissé le temps de grandir sereinement et à leur rythme.