Mon enfant prend trop de place. J'étouffe.

Est-ce que c'est l'enfant qui occupe trop d'espace ou est-ce moi qui suis saturé(e) de sa présence ? A quel endroit se situe cette jauge de la saturation, ce trop-plein ? Qu'est-ce qui fait que je me sens saturé(e) par un être que j'aime ?

Une question se pose : Est-ce que je suis toujours disposé(e), disponible, dans de bonnes dispositions pour recevoir ce que mon enfant veut me donner ? 

Si je me mets à disposition, c'est-à-dire que je me positionne comme celui ou celle qui doit recevoir en permanence, à un moment donné, la coupe est pleine et cela déborde. C'est naturel de se sentir agressé(e) par les sollicitations incessantes de l'autre.

En revanche, si j'arrive à alterner des temps où je suis pleinement disponible pour mon enfant et ceux où c'est lui qui respecte le mien et celui des autres membres de la famille alors je crée un cercle vertueux entre donner et recevoir.

Cela demande de gérer le temps que j'accorde à mon conjoint, mon patron, mes enfants et à moi-même.

Il est primordial de ne pas s'oublier dans cette équation car sans cette soupape de sécurité, je vais me sentir vampirisé(e) par tous les besoins des autres alors que moi-même je n'ai pas récupéré cet espace vital essentiel qui me permet de pouvoir offrir mon temps, mon énergie et mon attention à ceux qui le sollicitent.

Evidemment on parle de qualitatif et non de quantitatif. On ne peut pas demander à un parent qui travaille du matin au soir d'être toujours à disposition. Mais l'enfant sait reconnaître un moment sincèrement partagé. Il comprend si son parent le regarde simplement dans les yeux, le serre dans ses bras et lui dit "je t'aime" le matin avant d'aller au travail puis le soir " Est-ce que tu as passé une bonne journée ? Maintenant on va passer du temps ensemble;" En deux minutes, le lien est là, vivant et fort.

C'est un acte de présence sincère et exclusif qui peut ne durer que une ou deux minutes.

Quand l'enfant est rassuré sur ce temps exclusif qu'on va lui accorder, il va naturellement prendre sa place dans la famille sans avoir besoin d'occuper toute la place.

Il faut surtout éviter qu'il le devienne. Les parents qui travaillent ont un soupçon de culpabilité et l'enfant va s'infiltrer dans la brèche. Il va jouer de ça et ses parents vont devenir ses otages.

Il y a une différence subtile entre l'enfant qui a de vrais besoins et qu'il faut simplement cadrer en disant "Pas maintenant, c'est mon tour et tout à l'heure, ce sera le tien mais je suis là pour toi." et l'enfant tyrannique qui le devient parce qu'il y a une brèche. Il a quelque chose à faire payer et il lance un drapeau, un signal d'alerte.

Il peut y avoir de multiples raisons :

• Des parents pas assez disponibles auxquels il envoie un rappel à l'ordre.
• Au contraire, des parents qui s'en occupent trop, parce que le couple va mal et que l'enfant est leur unique raison de rester ensemble. L'enfant peut faire payer à ses parents le fait d'être la seule raison de la survie de leur couple. C'est culpabilisant pour lui. Il va alors se faire exister lui-même pour leur faire comprendre qu'il n'a pas envie d'endosser la responsabilité de leur union ou désunion. Il veut exister par lui-même et pour lui-même. C'est paradoxal car ces parents restent ensemble pour la famille et l'enfant le refuse car il ne veut pas porter sur ses épaules la responsabilité de cette fausse union. Il leur dit de façon subliminale "Vivez pour vous pour me permettre d'être un être à part entière qui vit pour lui-même".

Il va donc falloir analyser les véritables raisons qui font que l'enfant est si présent dans cette famille.

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