Mon enfant suce encore son pouce

La succion est un réflexe du nourrisson. Il est provoqué quand le mamelon touche la partie supérieur du palais et rentre en contact avec les 11 paires de nerfs crâniens. 

La médecine chinoise rappelle ce processus complexe quand elle parle des deux Merveilleux que sont le méridien Conception et le méridien Gouverneur. Ce sont deux allées énergétiques qui alimentent tout l'organisme. Ce méridien Gouverneur est primordial car il permet de prendre conscience de qui me gouverne, comment je gouverne, pourquoi je gouverne. En résumé, qui est maître de ma vie.

Ainsi c'est un lieu très particulier de la bouche qui se met en mouvement pour finalement répondre à la question de la survie de l'enfant.

Donc le mamelon, ce pouce primordial, est la première occurence qui répond au réflexe de succion. Il va donner satisfaction à deux niveaux :

l'enfant va être rassasié.

il va éprouver du plaisir. Il est intéressant de noter d'ailleurs que le réflexe de succion vient avant même que la montée de lait ait lieu ce qui montre bien que la partie "alimentation" n'est pas la seule en jeu dans ce phénomène.

Ainsi, le réflexe de succion est un lieu de survie et d'apaisement, de sécurité. Je suis gouverné, j'ai un gouverneur. C'est réconfortant.

La tétine représente un mamelon de substitut qui va apaiser l'enfant en lui donnant l'impression d'avoir le sein de sa mère en bouche. Cela lui permet d'exprimer le réflexe de succion ont il a besoin. 

C'est un objet transitionnel, un sevrage du contact physique direct avec la maman par un objet qui lui ressemble.

Le pouce est également un remplacement du mamelon originel.

Absolument pas. Certains enfants sautent cette étape car ils n'en ont pas besoin pour s'autonomiser. Evidemment, il existe des étapes qui invitent l'enfant à devenir autonomes mais cela n'empêche pas certains sevrages de s'opérer de façon naturelle.

La question va se poser car à partir du moment où c'est sa propre chair, il devient presque sa propre maman. Il a un sentiment de réconfort. Il se console lui-même. On est dans le réconfort, la sécurisation, le méridien Gouverneur et c'est ce qui fait que l'enfant n'a pas coupé ce lien. Il est réconforté parce qu'il a un rapport à lui-même, c'est-à-dire un rapport au même.

Lorsque l'on dit "maman", le son "m" vient de l'intérieur. On est dans l'enfermement. C'est réconfortant. On est dans la matrice.

Si maintenant, on prend le mot "papa", on entend que le son "p" va vers l'expérieur. On commence à gagner en autonomie grâce au papa qui prend le relais du "re-lait" de la mère. Le père vient "sauver" l'enfant de cette relation enfermée dans la matrice de la mère. 

Au lieu de rentrer son pouce à l'intérieur pour retrouver la scène originelle, son père va se servir de ce même pouce pour le féliciter en le pointant vers le haut. "Bravo, tu as grandi." Ce pouce pointé en signe de victoire encourage l'enfant à prendre son autonomie car cela lui fait peur.

En anglais, "mère" se dit "mother" mais "asphyxier" se dit "smother". Il n'y a qu'une lettre qui sépare les deux mots.

Sous prétexte que la maman adore son enfant, elle risque, malgré elle, de l'asphyxier. C'est pourquoi la figure paternante va devoir couper "symboliquement" une deuxième fois le cordon ombilical.

Quand cela ne se fait pas et que l'enfant suce toujours son pouce, en général, les parents vont être alertés par un phénomène extérieur : convocation par l'école, moquerie des camarades, déformation des dents, etc.

Ne pas chercher à éliminer le problème en ayant recours à un vernis amer (qui pourrait créer un dégoût de lui-même) ou en cachant son pouce comme s'il était honteux ou malpropre. Au contraire, ne pas hésiter à le nommer. Par exemple, on peut acheter des marionnettes de doigts et nommer ce pouce. Ce sera l'occasion d'amorcer un dialogue avec son enfant, avec le pouce pour personnage.

Il faut beaucoup de douceur car une relation fusionnelle ne se coupe pas du jour au lendemain. Gérer cette situation avec amour demande du tact et du temps. C'est l'occasion de dialoguer avec son enfant et de chercher avec lui un autre rôle pour ce pouce sans rien imposer, juste en suggérant : "Alors ce pouce, qu'en penses-tu ? Qu'en fait-on ?" Cela permet d'ouvrir de nouveaux horizons avec lui.

Bein sûr le choix des mots et des solutions dépend de l'âge de l'enfant mais l'objectif est le même, l'aider à grandir. Et l'enfant n'attend que cela grandir et gagner en autonomie. 

Cette métamorphose de l'objet transactionnel (en lui trouvant une autre utilité) va créer ce que l'on nomme en neurosciences, un pont cognitif vers une autonomie élargie, un élargissement de la conscience de votre enfant.

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