Notre enfant est insolent

Tout le monde en dit donc c'est très relatif.

La question est de savoir d'où vient cette vulgarité. A partir de quand devient-on vulgaire ? 

Paradoxalement, c'est à l'âge de la propreté. C'est l'âge où l'enfant commence à dire "caca boudin" à tout va. Etonnamment, quand il commence à devnir propre, il va également commencer à dire "non, à s'opposer et à utiliser ces mots. Il s'autorise à braver le regard des adultes tout en sachant que ça ne peut pas leur faire plaisir.

Le jour où l'on félicite son enfant parce qu'il est devenu propre, il ne comprend pas que ses parents soient si heureux. Ce qui est un événement pour ses parents ne l'est pas pour lui. C'est juste un stade d'évolution où ses sphincters sont devenus assez matures. 

Et tout à coup, il peut lire sur le visage de ses parents qu'il est adoré pour quelque chose qu'il ne fait plus alors que, généralement, on est félicité pour quelque chose que l'on fait. C'est une énigme pour lui mais il va en jouer.

Il a compris que, avant, quelque chose dérangeait ses parents parce qu'il faisait ses besoins. Maintenant, ses besoins ne dérangent plus ses parents. Il a besoin de comprendre. Dans sa tête, il se dit "Avant j'étais plus fort qu'eux puisque finalement j'arrivais à déranger des géants." 

Il a capté qu'il pouvait prendre ses parents en otage. Maintenant qu'il est propre, il n'a plus ce pouvoir. Alors que fait-il ? Il remplace son "caca" par le "non" et la grossièreté.

L'histoire de la propreté n'est pas une histoire de propreté, c'est récupérer sa "propre" identité, sa "propre" volonté. Ainsi apparaît le "non" que lui permet de se démarquer. 

C'est très sain pour un enfant de 2 à 3 ans d'arriver au stade de maturité de s'opposer à quelque chose qui est imposé. C'est en quelque sorte la première crise d'adolescence.

L'enfant récupère les commandes de son propre territoire, de sa propre volonté. L'apprentissage du "non" au moment où il est propre, c'est une façon de dire à ses parents que sa vie, c'est sa vie.

En ne devenant pas l'otage de son enfant et en respectant son "non". 

On respecte son "non" mais on lui fait assumer les conséquences de son opposition. On le met face à ses choix. Il va falloir créer ce dialogue avec son enfant.

C'est toute l'histoire de la crise d'adolescence. Si l'enfant n'est pas passé par le stade anal de récupérer sa propre identité et de faire ses propres choix, les parents vont avoir un adolescent rebelle : linge sale, manque d'hygiène, etc.

Cette question de la propreté et cette ligne de démarcation pour être sur son propre territoire est au coeur de l'adolescence.

Prenons l'exemple de l'insulte. L'enfant veut faire payer quelque chose à son parent. L'insulte, c'est déjà être arrivé au niveau où beaucoup de choses ont été tolérées.

L'enfant va provoquer son parent jusqu'à l'humiliation. Il va chercher la claque. Mais, même si cela est extrêmement difficile, il faut feindre l'indifférence. Si on réagit à ce moment-là, on mord à l'hameçon et il le refera.

L'objectif est de résoudre la question du dialogue qui est rompu, qui n'est plus respectueux. Pour ne pas être dépassé, le mieux est de tout de suite arrêter la conversation, marquer une pause.

Si l'enfant est petit et ne réalise pas forcément la portée de ses mots, on crée un dialogue et on l'aide à comprendre les conséquences de ses paroles et de ses actes. (Ne jamais faire cet exercice devant témoin).

Face à un adolescent qui nous insulte, ne jamais mordre à l'hameçon. C'est la réaction qu'il attend. Si on se sent blessé(e) dans son orgueil, humilié(e) et que l'on règle en quelque sorte un compte avec notre enfant, on se met à son niveau. Et, le conflit qu'il attendait, va commencer à prendre.

Il faut l'ignorer pour lui montrer que l'on ne se sent absolument pas concerné par cette insulte. Elle dit plus de lui que de vous. On ferme la porte, on devient un mur. On ne cautionne pas cette façon de s'exprimer et on refuse de devenir son otage.

S'il veut discuter avec vous, il y a certaines conditions parce que,vous, vous vous respectez. Vous ne lui imposez pas de vous respecter mais vous, vous vous respectez suffisamment pour ne pas être touché(e) par ses insultes.

Maintenant, s'il souhaite vous adresser à nouveau la parole, il va devoir apprendre le respect . C'est à lui de revenir vers vous mais à vos conditions. Votre dignité est imperturbable, vous n'êtes pas otage et cela, l'enfant le sent. Alors, il lâche prise. C'est une façon de lui apprendre la dignité. Ce n'est pas une opposition, c'est un état d'être.

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